Yang Semine (née en 1985 à Séoul, en Corée) vit et travaille en France, à Dijon. Depuis un peu plus de deux ans, elle a mis en place une manière de peinture où la dialectique forme/fond se joue dans la transparence des acryliques diluées en couches superposées pour des arrières plans poussant le sujet au devant de la toile. Son exposition de nouvelles peintures issues de sa série « Aux Libellules », met en évidence son univers inspiré par la nature et notre place dans son écologie.
Le thème de la métamorphose, de la répétition et de la différence sont particulièrement exprimé dans sa série, à travers une méditation sur la lumière, la couleur, le poids, le volume et la forme (les fondamentaux de la peinture). Ces compositions d’inspirations commencent par des dessins numériques, dans un soucis environnemental, avant d’être traduites dans le monde matériel et organique et devenant ainsi une surface pour les expérimentations de l’artiste.
« Aux Libellules » met donc en lumière l’insecte, simplifié à l’extrême, épuré dans un corps longiligne et une tête gribouillée, mais c’est également un parfait contraste du traitement décoratif apposé aux ailes : hachures, lignes ondulées, traits horizontaux/verticaux… Les fonds laissant place aux zones non peintes, assument le plan à effet d’aquarelles et prolongeant les variations ou la transparence des aplats colorés superposés s’organisent en un champs d’attraction de couleurs et de motifs. Le dessin numérique qui initie le processus, est conçu comme le réceptacle de ce que l’artiste nommerait « des images mentales ». Ce sont des moments graphiques où sont utilisés tous les outils mis à sa disposition qui miment le dessin à la main avec les effets d’estompage, de traits, de couleurs… Ces moments de dessin assistés naissent dans les souvenirs de peintures croisées partout, Europe et Asie confondues.
S’il peut sembler ironique d’aborder les thèmes de la biodiversité et du monde naturel à partir d’un point de départ numérique, pour Yang Semine, la capacité de travailler rapidement et sans produire de déchets reflète une éthique bien plus grande. Alors que nous nous trouvons dans un monde de plus en plus dominé par la technologie, le travail de Yang peut être considéré comme une enquête formelle sur la traduction des nuances texturales.