Caroline Fuzeau, une étudiante en graphisme, a réalisé son jeu de société : Tous pour un. Elle veut aider les jeunes et les professeurs à sortir du harcèlement scolaire. Le Courrier de l’Ouest l’a rencontrée.
Le jeu de société Tous pour un a été créé par Caroline Fuzeau comme un projet pour ses études de graphisme. Mais lutter contre le harcèlement scolaire lui tient tellement à cœur, que la jeune graphiste de Saint-Léger-de-Montbrun a décidé de le porter plus loin et de l’amener dans les écoles. Elle dit, je cite : « Je veux aider les jeunes. Je ne veux plus qu’ils se sentent mal à cause du harcèlement. C’est d’actualité. Il y a plein de choses, mais encore trop peu d’actions concrètes.
»
« Priorité absolue » ?
Pourtant, la Première ministre Elisabeth Borne a déclaré le 6 juin « faire de la lutte contre le harcèlement la priorité absolue de la rentrée 2023
» (en réaction à la mort de Lyndsay, une adolescente de 13 ans victime de harcèlement scolaire au collège). Puis le 14 juin, le ministre de l’Éducation Nationale Pap NDiaye qui a annoncé une « grande campagne nationale de prévention »
en septembre. « J’ai conçu mon jeu pour les collégiens, parce qu’un élève sur dix est harcelé au collège (un élève sur vingt selon le ministère de l’Éducation nationale), rappelle Caroline Fuzeau. Les parties peuvent se jouer de trois à treize personnes : dans des classes de 26 élèves, on peut facilement organiser deux parties.
»
330 cartes, 100 dessins
Après avoir réalisé un mémoire sur « Les jeux de société, du social au pédagogique », Caroline a choisi le jeu pour éveiller les consciences sur une situation qu’elle a elle-même enduré, y compris en études supérieures. De novembre à février, elle a crée le game design, des règles du jeu vraiment pensées pour résoudre une situation. Les joueurs jouent tour à tour les harceleurs, les victimes et les témoins. Puis en trois mois, elle a créé la boîte, le plateau de jeu, le carnet de règles et une vidéo animée, vingt figurines imprimées en 3D et 333 cartes, avec une centaine de dessins différents. « Les cartes parlent de harcèlement physique (bousculades…), cyberharcèlement et harcèlement moral »
, détaille la graphiste.
Les aides
Le jeu est pensé comme un support pédagogique : les enseignants ou médiateurs peuvent garder toutes les cartes, ou seulement celles qui décrivent la situation dans l’établissement. Le jeu aborde vingt supports déjà en place mais peu utilisés et méconnus : « Les numéros gratuits 3020, face au harcèlement, et le 3018 (cyberharcèlement), les référents harcèlement, le programme pHARe, les médiateurs, les psychologues dans les écoles… Tous ces moyens d’action que j’ai fini par découvrir en faisant des recherches pour sortir du harcèlement et que j’aurais aimé connaître plus tôt »
, énumère Caroline.
Le rectorat ferme les portes de l’école
Caroline Fuzeau a voulu proposer le jeu dans son école primaire de Vrères, où elle connaît bien une partie du personnel et le maire, qui lui ont assuré leur soutien. « Mais le rectorat de Poitiers a refusé sans donner d’explication, dans une lettre qui dit : Vous n’avez pas l’autorisation de proposer votre projet à l’école, déplore son père Bruno Fuzeau, qui l’épaule dans les démarches. On retentera au mois de septembre. »
Il s’est mis en contact avec le directeur de la commission harcèlement, au ministère de l’Éducation Nationale.
La créatrice du jeu et son père souhaiteraient une édition avec l’Éducation Nationale et une diffusion dans les écoles. « On va aussi rencontrer les éditeurs au festival FLIP de Parthenay du 12 au 23 juillet »
, souligne Bruno Fuzeau. « Il y a aussi la possibilité de l’autoédition, pour laquelle il faudrait trouver des fonds, envisage Caroline. Le BIJ (Bureau information jeunesse) de Tours s’est montré intéressé, on va aussi se tourner vers le réseau Canopé qui accompagne les professeurs. »
Imaginé par : Caroline FUZEAU, étudiante en DNMADE Graphisme Option animation multimédia (Diplôme national des métiers d’arts et du design), Design Graphique