Mario Klingemann

L’artiste Mario Klingemann a vendu pour 46.500 euros une œuvre qui diffuse sur deux écrans des portraits générés par une intelligence artificielle. Cette deuxième incursion de l’IA dans l’art marque l’ouverture du marché au code créatif.

L’oeuvre est composée de deux écrans 4K, reliés par des câbles à du matériel informatique logé dans un meuble en châtaignier. Sur les deux écrans défilent en continu des portraits, plutôt masculins pour l’un, plutôt féminins pour l’autre. Ces visages sont générés de façon unique et en temps réel par les réseaux neuronaux de la machine.

Memomies of Passersby, une prouesse technologique

La différence est que Memories of Passersby 1 n’utilise non pas un, mais six GAN. Un GAN se compose de deux modules, qui œuvrent en parallèle. Le générateur crée des images similaires aux données fournies par l’artiste. Pour cette installation, Klingemann a nourri sa machine de portraits du 17ème, 18ème et 19ème siècles, peints par de grands maîtres. Le second module, le « discriminateur », recale les images trop proches du matériel original. Le système s’améliore grâce à ces interactions, et génère des images uniques. A partir de cette méthode, le résident de Google Arts et Culture a développé de nouveaux algorithmes. Par exemple, il peut mettre les résultats d’un GAN comme matériau de base d’un autre GAN, ou introduire une erreur volontaire dans le code. Certains trouveront un intérêt esthétique à l’oeuvre, et d’autres apprécieront également le travail technique du développeur.

« Ce n’est pas facile de créer une image aussi grande, affichable en 4K, et c’est compliqué de les faire générer à cette vitesse. Sans vouloir me vanter, je ne connais pas beaucoup d’autres artistes qui pourraient aujourd’hui faire la même chose. » précise Mario Klingemann

L’installation générera de nouveaux portraits uniques de personnes qui n’existent pas, à chaque seconde, et jusqu’à ce que la machine tombe en panne. Ne comptez cependant pas sur Klingemann pour dire que l’intelligence artificielle est l’auteur de son oeuvre.  Avec un argument imparable : « est-ce que vous demanderiez à un pianiste si son piano est l’auteur de la pièce ?«