Cérès, 1849
Née de la Révolution de 1848, la Deuxième République a choisi pour symbole cette déesse grecque de l’agriculture et des moissons, couronnée de blé, de pampre et d’olivier. Il est signé du graveur général des monnaies Jean-Jacques Barre.
Paix et Commerce, 1876
La France hésite encore entre l’adoption définitive de la République et le retour à la Monarchie. On juge alors la Cérès trop engagée politiquement, et le choix se porte sur une allégorie, « Paix et commerce », signée Jules-Auguste Sage. Mercure avec ses attributs donne la main à une déesse au rameau d’olivier. Son style purement académique en fera un symbole de la République des notables.
La Paix, 1932
La République apparaît sous la forme d’une femme coiffée du bonnet phrygien symbolisant la paix : elle tient dans sa main gauche un rameau d’olivier, et maintient de la droite son épée au fourreau. Ce timbre, dont le dessin est signé Paul Albert Laurens, reflète la vigueur du courant pacifiste dans la France de l’Entre-deux guerres.
Marianne d’Alger, 1944
A la fin 1943, la Corse est le seul département français libéré. Pour faire face à une pénurie de timbres, le Comité français de libération nationale – futur gouvernement provisoire de la République en mai 1944 – décide d’y introduire provisoirement des timbres d’Algérie. C’est l’émission de la Marianne d’Alger, coiffée du bonnet phrygien, signée Louis Fernez, et le retour d’un symbole républicain. Cette Marianne d’Alger est donc bien la première Marianne de France.
Marianne de Dulac, 1945
A la Libération, un consensus apparaît autour de la représentation de la République par le symbole de Marianne. L’artiste Edmond Dulac dessine la sienne, sous la forme d’un profil gauche de jeune femme coiffée d’un bonnet phrygien. Le timbre comporte dans l’angle supérieur gauche le monogramme « RF » et à droite la croix de Lorraine, l’emblème de la France libre.
Marianne de Gandon, 1945
Cette Marianne a été choisie par le général de Gaulle lui-même pour symboliser la nouvelle France Républicaine. « Son visage fut dessiné pendant la libération de Paris », confiera son créateur Pierre Gandon, d’où les traits décidés de cette Marianne qui a pour modèle sa propre femme.
Marianne de Muller, 1955
A la suite d’un concours lancé auprès des artistes créateurs de timbres, une nouvelle Marianne voit le jour, baptisée «République de l’espérance», et signée Louis Charles Muller. Elle a troqué son bonnet phrygien pour une couronne de fruits et de feuilles de chêne, pour symboliser une République « de la paix, du progrès social et du progrès humain.
Marianne de Cocteau, 1961
Le poète et peintre Jean Cocteau, sollicité par André Malraux, ministre des Affaires culturelles, a sans doute signé la moins académique des Marianne : elle affiche une moue de défi, un air boudeur, et porte un bonnet phrygien revu par un atelier de modiste, sur fond de guirlandes républicaines.
Sabine de Gandon, 1977
Elu deux ans plus tôt à la magistrature suprême, le président Giscard d’Estaing choisit en 1976, à l’issue d’un concours infructueux, de faire appel à Pierre Gandon pour créer la nouvelle Marianne. Ce sera en fait une « Sabine », puisque le dessin est réalisé d’après un tableau de Jacques Louis David peint en 1799, «Les Sabines arrêtant le combat entre les Romains et les Sabins. » Le timbre devient le symbole de l’union nationale voulue par le nouveau président.
La Liberté de Gandon, 1982
Elu en 1981, François Mitterrand donne à son tour un nouveau visage à la République, en choisissant une autre maquette, également réalisée par Pierre Gandon, à partir cette fois d’un tableau d’Eugène Delacroix, « La Liberté guidant le peuple (28 juillet 1830) ». On y reconnaît la forte « femme aux puissantes mamelles » brandissant le drapeau national sur les barricades. En 1988, La Poste émettra un timbre à 2,20 F surchargé 0,31 ECU, unité monétaire européenne, traduisant un engagement européen qui trouve un écho dans le concours de la Marianne 2007.
La Marianne Bicentenaire, 1989
l’issue du concours lancé pour le renouvellement du timbre-poste d’usage courant, François Mitterrand retient la maquette de Louis Briat, professeur à l’Ecole supérieure des arts décoratifs, qui fait oeuvre de modernité : elle est composée sur ordinateur, une première qui exigera une adaptation aux impératifs de l’impression en taille-douce. Pour la première fois, Marianne regarde de face, et l’événement révolutionnaire commémoré se traduit par trois bandes tricolores verticales, et une cocarde accrochée dans sa chevelure.
La Marianne du 14 juillet, 1997
Il aura fallu attendre l’élection du président Jacques Chirac, en 1995, pour voir notre Marianne nationale dessinée par Eve Luquet, qui est aussi la première femme à créer un timbre d’usage courant. Il s’agit du seul timbre, hormis les timbres « Arc de Triomphe » imprimés aux Etats-Unis en 1944, à porter la devise de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité. » Un regard porté au loin et un visage dans le vent exhalent un souffle de liberté. Cette Marianne affirme sa fibre européenne par les étoiles qui constellent l’arrière-plan, à l’image du drapeau de l’Union Européenne.
La Marianne, 2005
Reflet d’un enjeu majeur de notre temps, la dernière Marianne en date a été la lauréate d’un concours ouvert à tous les Français sur le thème « L’engagement de Marianne en faveur de l’environnement et des valeurs fondamentales de la République. » Parmi les 50 000 propositions reçues de métropole et d’outre-mer, 500 ont été retenues par des sélections régionales, puis 100 par un jury national présidé par l’actrice Véronique Genest. A l’issue d’un vote populaire, les 10 propositions ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages avaient été affichées sur la colonnade de l’Assemblée nationale. Le Président de la République avait finalement tranché en faveur de Thierry Lamouche, illustrateur de profession.
La Marianne, 2008
Encadré d’étoiles, le visage de la nouvelle Marianne est celui d’une France européenne.
Nicolas Sarkozy a choisi directement l’artiste graveur Yves Beaujard, parmi ceux qui ont participé au concours lancé par La Poste. Cette effigie illustre les 13 valeurs faciales du timbre Marianne utilisé couramment par les Français pour expédier leurs lettres depuis le 1er juillet 2008, date qui coïncidait avec le premier jour de la présidence française de l’Union Européenne.
La Marianne, 2013
Dévoilée à l’occasion des cérémonies du 14 juillet par le président de la République, la nouvelle Marianne des timbres sera mise en vente à partir du lundi 15 juillet. Cette Marianne a été sélectionnée à l’issue d’un concours d’artistes dont les créations, sur le thème de « Marianne et la jeunesse », ont été soumises au vote de près de 1 000 lycéens. Elle est le fruit du travail de David Kawena et Olivier Ciappa.
Les pistes non-retenues :
Sources : Graphéine.