Deux étudiants français ont transformé une imprimante 3D en robot à tatouer. Sa commercialisation est déjà à l’étude.
Imaginons se faire tatouer avec la précision et la rapidité d’un robot. Voilà le pari de Johan Da Silveira et de Pierre Emm, deux anciens étudiants de l’École nationale supérieure de création industrielle (ENSCI). Leur robot tatoueur a été conçu à partir d’une imprimante 3D, ces machines considérées comme le levier d’une nouvelle révolution industrielle, tant elles élargissent l’horizon de la création. Ponts, vêtements, drones et même prothèses ont pu être conçus par ces machines. Mais personne n’avait encore travaillé sur le tatouage robotisé. Pour le duo, qui s’est rencontré sur les bancs de l’école, « réinterpréter et redéfinir les outils que l’on utilise » constituait la problématique de base pour développer le projet.
Les deux jeunes hommes ont détourné une imprimante 3D en l’équipant d’une aiguille pour qu’elle puisse dessiner sur le corps. La phase la plus compliquée de l’exercice consistait à maîtriser la relation entre la tension de la peau et l’aiguille. « Le corps humain est plein de surprises, il n’y a pas de pièces plates qui s’y trouvent », ont-ils expliqué. En effet, le relief de la peau humaine complique le processus, en raison du risque de blessure. Pour résoudre ce problème, l’équipe a modélisé sur un logiciel le tatouage désiré. Ensuite, ils ont effectué un balayage 3D de la zone à tatouer pour que le robot enregistre les paramètres. Le tatoué se doit de rester immobile pour ne pas perturber le robot !
Initié en 2013, le projet a vite dépassé le cadre scolaire. D’abord testé sur une peau artificielle, les résultats ont poussé l’équipe à réaliser un essai grandeur nature. « Beaucoup de gens étaient excités par l’idée d’être la première personne à se faire tatouer par un robot ». L’équipe a intégré l’incubateur d’ingénierie Autodesk qui leur apporte les logiciels nécessaires pour se développer. Si tout fonctionne comme prévu, le robot sera bientôt commercialisé : « La plupart des artistes tatoueurs et des artistes studios avec qui nous avons travaillé sont impatients de mettre la main sur ces machines », ont ajouté les jeunes ingénieurs. Reste à savoir si le tatouage robotisé est moins douloureux que celui d’un professionnel…