Le point médian s’affiche dans la rue

https://www.ladn.eu/nouveaux-usages/le-point-median-saffiche-dans-la-rue-de-lengagement-de-marque-a-la-distinction-publicitaire/

Inclure :

Cela fait plusieurs années que des organisations et des marques utilisent le point médian, comme un des outils de l’écriture inclusive, dans des supports de communication. Le point médian, c’est un signe de ponctuation qui sert, à l’écrit uniquement, à abréger la forme féminine et masculine dans un seul mot pour gagner du temps et de l’espace (comme étudiant·e ou avocat·e).

Pour rappel, l’écriture inclusive vise à une représentation égale des hommes et des femmes dans l’écriture. C’est une pratique militante qui cherche à se défaire de certaines règles de la langue, comme le fait que le masculin soit le genre par défaut.

Le point médian fait débat :

Les internautes interrogés sont favorables à des alternatives quant à l’emploi du masculin « qui l’emporterait sur le féminin » mais pas à celles qui impliquent de changer la manière d’écrire les mots, comme le point médian ou les néologismes (comme « lecteurice » en un seul mot). Ce n’est pas contre les autres outils du langage inclusif comme le féminin des noms de métier (la Première ministre) ou l’utilisation de mots englobants (équipe ou membres, plutôt que collaborateurs). Dans ce contexte de fort rejet du point médian et dans un pays où il crée la polémique, des marques y ont trouvé des avantages.

Mémoriser :

Quand on sait qu’une offre d’emploi écrite au masculin attirera moins de candidatures féminines qu’une annonce rédigée en inclusif, on comprend l’intérêt d’une entreprise comme Verisure à utiliser le point médian (en renforcement d’une image représentant un homme et une femme) dans une campagne de recrutement pour des métiers de la sécurité où les femmes sont historiquement sous-représentées.

Quant à Klarna, qui propose un système de paiement en 3 fois sans frais intégrer aux sites de nombreuses marques mode, l’enjeu était sans doute inverse : clairement marketé pour une cible féminine désireuse de faire du shopping en maîtrisant son budget, le service a trouvé une punchline simple, mais efficace : « Pressé·e d’acheter. Pas de payer ». La mettre totalement au féminin n’aurait-il pas exclu la cible masculine du message de ce service tout de même accessible à tout le monde ?

Ce signe dont on pourrait se passer (on peut toujours écrire en inclusif, même sans point médian) reste le plus polémique et le plus remarquable de l’écriture inclusive. Il est le témoin d’un certain courage en communication par une prise de risque dans l’affichage de valeurs. Et cette prise de risque, qui se montre aujourd’hui dans l’espace public et pas uniquement dans les profondeurs d’une page web ou d’une appli, peut-être aussi une manière d’interpeller et de marquer plus efficacement les personnes exposées, qu’elles soient réfractaires ou favorables à l’écriture inclusive, car la rareté du point médian en publicité en fait un outil de distinction et de mémorabilité.