Travail expérimental pour son diplôme sur le déplacement de l’échelle de l’écriture à l’échelle du corps entier.
Dans le cadre de mon diplôme, dans la démarche créa de notre projet professionnel nous devions avoir un entretien avec un praticien. Mon mémoire traitant de l’écriture et du mouvement, j’ai contacté Jean-Philippe Bretin car son travail expérimental pour son diplôme m’intéressait.
Jean-Philippe Bretin est un dessinateur et un designer gra- phique, basé à Paris. Diplomé du DSAA design typographique à Estienne en 2008, il a exercé au sein des studios Grand ensemble puis deValence. Il est à présent designer indépen- dant. Depuis 2018, il enseigne le dessin et l’édition à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) de Nancy.
Comment vous est venu votre projet ?
Alors c’est un projet que j’ai réalisé pendant que j’étais en DSAA création typographique à Estienne. En fait, je pense que le projet, il est né de deux choses, d’abord, en DSAA typo, on avait des cours de calligraphie, donc de dessin de lettres à la main, et on nous expliquait pas mal l’importance de la façon de tenir l’outil qu’on utilise, de toutes les conditions qui permettent de créer l’écriture calligraphique et en même temps à ce moment-là, je m’intéressais pas mal aux graffitis et je lisais un livre qui avait été écrit par François Chastanet (architecte et designer graphique français, enseignant le design graphique et le typographie à Bordeaux), qui s’appelait Pixaçao. Qui était sur les écritures graffitis réa- lisées au Brésil, à Sao Paulo, en particulier. Et dans lequel il décortiquait le geste des peintres dans lequel il donnait d l’importance à l’échelle du corps justement, le fait que les lettres était tracées le plus grand possible par rapport à leurs corps, que certaines formes étaient liées aux conditions dans lesquelles elles étaient réalisées, en rappel,.. et que les lettres étaient pas mal déterminés par l’outil qu’ils utilisaient et qui était en gros un rouleau de peinture. Et je me disais « ah ce mélange entre moi ce que je fais en calligraphie et puis ce qui a été déduit des formes typographiques de ces lettres réalisées par ces peintres brésiliens », je me disais qu’il y avait quelque chose à faire pour déplacer l’écriture de la lettre qui habituellement se fait à la main, qu’est-ce qu’il se passe, si on la déplace à l’échelle du corps ?
Qu’est-ce que ça vous a apporté pour la suite de vos études et projets ?
À vrai dire, j’ai pas continué vraiment les recherches dans ce champs là, car elles étaient que liées qu’à un principe expérimental, j’ai pas forcément trop utilisé les formes après dans mon travail, par contre ça a beaucoup enrichi mon travail, c’est un moment où je faisais beaucoup de dessins et pas mal de choses, de techniques que j’avais découverte en particulier, peindre avec de l’encre de chine, sur des surfaces très brillantes et qui permettaient de décomposer le mouvement, parce que l’encre n’adhérais pas très bien dans la surface et donc le mouvement était décomposé comme une succession de petits mouvement et ça permettait de comprendre, à la manière d’une chronophotographie, la chronologie du mouvement. Ça je l’ai pas mal utilisé dans le dessin mais à des plus petites échelles, c’est aussi parce que ça demandait d’avoir un grand atelier et tout ça et je n’avais pas forcément la possibilité en sortant de l’école.
Le procédé que vous avez utilisé ?
Bah justement, j’ai pas mal peint soit sur des surfaces du mélaminé, donc du bois qui a une surface un peu brillante, j’ai peint aussi sur du papier avec de l’encre, et aussi, à l’époque on avait pas trop de capteurs de mouvement où c’était vraiment réservé, c’était des choses assez cher, c’était pas accessible, en tout cas à moi, parce que c’était en 2008-2009. Mais je pouvais pas capter du mouvement dans l’espace comme on peut le faire aujourd’hui facilement même avec, je pense avec un téléphone on doit pouvoir avoir des capteurs ou même rien qu’avec des outils numérique assez simples. À l’époque ce que je voulais faire, quand j’essayais de travailler le mouvement détaché de toutes surfaces physiques, je prenais juste une lumière et je prenais une photo en pose longue avec la lumière et ça permettait quand même d’avoir un rendu de ce que être un mouvement de lettre en 3D, c’est-à-dire quand on se frotte pas à une surface mais quand on peut écrire avec son corps en entier, donc j’avais aussi tracé des lettres en lumière même si le rendu ce n’était pas ce qui m’intéressait, c’était plus voir l’étendu qu’on pouvait avoir avec son corps et puis comment on trace les formes.
Quand avez-vous su que votre travail était fini ?
Je crois que ça part parce qu’il était temps de le finir, parce qu’il y avait une deadline et en fait, il aurait pu continuer encore plus. Mais il s’est conclu justement sur cette phase où on venait vraiment à être déjà à écrire avec mes deux pieds et donc là, vraiment, ça devenait vraiment une chorégraphie. Et puis les formes me semblaient quand même assez inédites, surprenantes. Et donc là, j’avais l’impression d’avoir trouvé quelque chose. Et c’était un diplôme et il était temps de le finir.
Merci à Jean-Philippe Bretin pour toutes ces précisons et ces informations.