Eilha, c’est l’Exposition interactive de lutte contre le harcèlement, et c’est aussi le nom du personnage d’un jeu conçu par l’association poitevine Acsep pour intervenir dans les établissements scolaires, de la maternelle au lycée.
Devant vous, un grand plateau de jeu, avec un plan identique au carnet de bord remis à votre équipe. L’animateur place votre pion dans un quartier où vous devrez récolter des informations, munis d’une tablette. Direction le panneau du thème et de la couleur correspondant à ce quartier ! À vous de retenir le plus d’infos avant de revenir près du plateau pour répondre aux questions, avant de poursuivre le jeu dans l’un des autres quartiers, qui correspondent tous à un aspect de la lutte contre le harcèlement scolaire et les violences.
« Un levier ludique pour libérer la parole »
Ce jeu grandeur nature, pensé pour être déployé à l’échelle d’établissements scolaires, c’est le cœur d’Eilha, l’Exposition interactive de lutte contre le harcèlement que l’association Acsep est en train de finaliser, avec de nombreux partenaires. Comme le rappelle Lucas Héraud, coordinateur du secteur citoyenneté et vivre ensemble de l’Acsep, cette association culturelle et sportive de Poitiers développe déjà de nombreux ateliers jeune public de sensibilisation sur le harcèlement, la laïcité, la lutte contre les discriminations, et des formations pour les adultes.
Samir Chtaïni occupe un poste « éducation et climat scolaire », partagé entre l’Acsep et la Ligue de l’enseignement, pour intervenir auprès des élèves et acteurs éducatifs. « Nous recevons beaucoup de demandes des établissements sur le harcèlement, constatent-ils. D’où le projet Eilha. On voulait un support interactif qui permette un temps d’échange et qui aide vraiment les gens à agir. »
Des kits pour en parler chez soi
Avec l’appui d’experts, tous deux ont élaboré le principe de l’exposition et le contenu pédagogique des huit panneaux : sport, justice, numérique, émotions, ressources, savoirs, statistiques et centre-ville (lieux publics où peut s’exercer du harcèlement). Le graphisme, très coloré, parlera aux enfants. Une autre version adaptée aux lycéens viendra ensuite. Des QR codes renvoient à des liens sur Internet et à des vidéos spécialement réalisées pour le projet, qui comporte aussi de l’audio, des énigmes, des quiz…
« On avait envie que ça donne envie, insistent-ils, pour que ce soit un levier pour libérer la parole. C’est dynamique et ludique pour que ça marque les enfants. Cette exposition est l’élément-phare de tout un dispositif de prévention contre le harcèlement scolaire mais aussi contre toutes les violences, la maltraitance, le consentement, le harcèlement de rue, le cyberharcèlement… Nous allons élaborer des kits pédagogiques que les élèves rapporteront chez eux pour continuer à jouer et sensibiliser la fratrie, les parents, les proches. »
Le prototype d’Eilha a été confié aux étudiants de master 2 de l’Ecole de design Nouvelle- Aquitaine, à Poitiers, où il a été présenté en avant-première en présence de gendarmes de la Maison de protection des familles. A première vue donc, neuf panneaux posés à terre comme une invitation à tourner autour. Tous sont reliés par la forme et par le fond à un plateau géant sur lequel se dressent neuf quartiers à visiter : « numérique » sur le cyberharcèlement, « justice » sur la législation, « ressources » pour rappeler entre autres les numéros verts…
Très colorée, la première version est destinée aux élèves du CE2 à la 5e. Une autre pour leurs aînés est prévue en janvier 2025. Entre-temps, les cinq établissements scolaires de la Cité éducative des Couronneries serviront de terrain d’expérimentation, avant un déploiement plus large, y compris en milieu rural. « Cet outil va être le point central d’un dispositif scolaire et périscolaire à destination des élèves mais aussi d’accompagnement des adultes référents (parents, enseignants, agents d’entretien, concierges, bénévoles d’associations…) ».