Écrire avec des images : des écritures pictographiques aux émojis

Les premiers signes d’une écriture remontent aux dessins d’images figuratives. La naissance des alphabets phonétiques à transformer le mode d’écriture qui aujourd’hui est représenté par l’utilisation de signes abstraits.

La communication par l’image et les pictogrammes ne cesse pas pour autant d’exister. L’avantage, c’est que l’écriture et la communication par imagerie et/ou pictogrammes est un langage visuel universel. À l’heure du numérique, la communication continue de passer par des symboles images, à travers par exemples les émojis 

Les premières écritures étaient des dessins


Écriture et dessin ont toujours été étroitement liés, comme nous le rappellent les mots « graphein », du grec graver des caractères, au double sens de dessiner et/ou écrire, et « pictogrammes » du latin pictus (peint) et du grec gramma (signe écrit), liant intimement la pensée à la main, au manuscrit.
Les premières écritures sont ainsi pictographiques et + ou – figuratives, comme le décrit A. Frutiger dans son livre L’homme et ses signes. Leur utilisation sert dans un premier compte à la comptabilité, ou à raconter les vies, ou succès de personnalités notables. Passant d’abord par de la description comme la première écriture connue à ce jour, le sumérien du néolithique (-3500 ans).

Comptes Sumériens, -3500 avant notre ère – Collection du Louvre

Il existe différentes formes d’écriture pictographique, certaines plus abstraite que d’autres, figurative ou bien même sacrées, codifiées, incompréhensible sans le contexte de pensée ;
Il existe par exemple les écritures Hittites ou Crétoises, les runes, ou le Rongo-Rongo, issues toutes de sociétés disparues. Le pictogramme peut être compris car il fait consensus avec des images qui parlent au plus grand nombre ou s’appuient sur des codes culturels spécifiques qui sont amenés à disparaître avec le temps. 

Des écritures extrait de l’homme et ses signes, A. Frutiger

La disparition de la communication par l’image


Les avancées technologiques, notamment les supports tels que le papyrus, ou les outils d’écriture tels que le stylet et le pinceau libèrent le geste et lui font retrouver une fluidité manuscrite. L’image se transforme alors en signe abstrait. Vers -1200 apparaissent les premiers alphabets chez les Phéniciens. C’est plus tard, au XXe siècle, 3 000 ans plus tard que l’on reviendra à des signes figuratifs et descriptifs pour communiquer dans la vie de tous les jours.
Cependant, ce n’est pas pour autant que le pictogramme ne cesse d’exister. Son utilisation se transforme, d’écriture, il devient un signe qui marque une appartenance ou une origine. C’est l’idée du BRANDING, apposer une marque “brand” et communiquer à travers un signe visuel reconnaissable pour tous. Par exemple pour marquer le bétail.

Monogrammes de maçons et marchands autour de la Renaissance

Un langage pictural pour tous

Le véritable retour du langage visuel et universel se fait avec les mouvements artistiques modernistes, autour des années 1920. À cette époque, on cherche à inventer une forme de langage universel par le biais de la géométrie et des mathématiques, qui traduisent parfaitement la pensée rationnelle propre aux humains. On crée par exemple des alphabets géométriques universels à l’école Bauhaus, en injectant donc du symbole dans la lettre abstraite :

Albers Heft, 1926, caractères aux formes géométriques
Théo Van Doesburg, alphabet moderniste dans un carré, 1919

L’Isotype, statistique par l’image

En 1952, la crise post-guerre que traversent l’Allemagne et l’Autriche démocratise le savoir. En effet, les travailleurs souhaitent s’émanciper, et rendre l’information accessible à toutes les classes sociales (même les illettrés). Ainsi naît l’Isotype, méthode des statistiques visuelles de Vienne vers 1925. C’est selon le sociologue et économiste viennois Otto Neurath “une écriture de hiéroglyphes compréhensibles par tous et pouvant être utilisée en tant que signent universels.” C’est une solution infographie.


“Ces pictogrammes simples inspireront la signalétique des routes et les moyens de transport dans le monde entier. On utilise encore aujourd’hui ce système pour communiquer simplement et efficacement au plus grand nombre. C’est la raison pour laquelle les Jeux olympiques utiliseront eux aussi des pictogrammes au Japon dès 1964, dans un souci de communication destinée à un public international.

Les émojis et icônes, outils de communication universelle

L’avènement du numérique et d’Internet en particulier dans les années 70 font émerger les icônes qui envahissent les écrans comme nouveau langage numérique et pictural, normé, créé dans une grille quadrillée de pixel. “Les icônes permettent d’humaniser la machine et de créer un lien sensible avec l’utilisateur”. Le visuel simplifie l’action, créant un langage par association d’idées. 

Control panel on gray, Susan Kare, 2019, impression rétro en tirage limité pour Apple

sources : https://www.grapheine.com/divers/ecrire-avec-des-images-des-ecritures-pictographiques-aux-emojis