
La série nous plonge dans un pensionnat pour jeunes filles, une école élitiste perdue au milieu du bush australien, où des adolescentes sont livrées à elles-mêmes par un corps enseignant volontairement distant. Dans ce contexte, qu’est-ce qui peut bien mal tourner ? Spoiler : tout ou presque.
Le pensionnat de Silver Creek est un panier de crabes où une fille de bonne famille (Portia) fait régner la terreur parmi ses congénères, entourée d’une garde rapprochée qui obéit aveuglément à ses ordres, trop apeurée pour moufter. Lorsque Jo et Alice, les deux seules étudiantes boursières, posent leurs valises dans le dortoir, elles comprennent vite que cette année censée forger leur caractère pourrait vite devenir un enfer.

Une mécanique diabolique
Leur amitié naissante est mise à l’épreuve par une réalité cruelle : dans une telle jungle, on a le choix entre harceler ou être harcelée. Bad Behaviour met en évidence avec beaucoup de précision et de violence cette mécanique diabolique de la victime-bourreau, avec la volonté de s’intégrer à tout prix (les bizutages…) pour ne surtout pas être exclue par une manipulatrice qui redistribue en permanence les rôles et le pouvoir dans une microsociété hiérarchisée, où l’on craint toujours de tomber en disgrâce du jour au lendemain.
Et le message d’avertissement qui introduit chaque épisode est d’ailleurs largement justifié : la série s’ouvre sur une scène d’une grande brutalité, et la suite est à l’avenant. Mais si Portia incarne la méchanceté absolue, Bad Behaviour ne sombre jamais dans le manichéisme. Troublée par l’éveil de sa sexualité, Jo est aussi attirée que terrorisée par ce personnage charismatique qui fait sa loi.
Evidemment, une année passée à harceler ou à être harcelée – parfois les deux en même temps – laisse des séquelles à vie, et la série explore avec beaucoup de finesse les conséquences à long terme de ces traumas, en ajoutant une deuxième temporalité qui se déroule à l’âge adulte.

Une série difficile mais nécessaire
Tous ces personnages se retrouvent en effet dix ans plus tard : une situation extrêmement gênante pour tout le monde, mais qui permet surtout de constater que personne n’a vraiment conservé la même vision des événements de Silver Creek. Cette subtilité doit beaucoup au texte de l’écrivaine australienne Rebecca Starford, autrice des mémoires éponymes desquelles la série est adaptée.

Bad Behaviour épisodes 1 à 4, diffusés à partir du 13 juin 2023 sur OCS, disponible avec CANAL+.