La centenaire fait perdurer la tradition ancestrale du tatouage tribal «batok». L’édition philippine du magazine Vogue lui consacre la Une de son numéro «Spécial beauté» du mois d’avril 2023.
Cette femme qui a fêté ses 106 ans en février dernier est à l’honneur du numéro «Spécial beauté» d’avril 2023 du magazine Vogue Philippines. La photo de couverture, saisissante, dévoile l’artiste à la peau recouverte de dessins fixant la caméra. Elle y esquisse un sourire de ses lèvres maquillées de rouge à lèvres rouge.
La centenaire Apo Whang-Od, également connue sous le nom de Maria Oggay, est une mambabatok de la tribu de Kalinga (région éponyme des philippines) et dernière tatoueuse au monde à encore pratiquer la technique ancestrale du batok. Cette techniques, née il a un millénaire, consiste à faire pénétrer l’encre sous la peau par le biais d’une imposante épine en tapotant sur cette dernière à une vitesse assez impressionnante (100 coups par minutes) et est donc aussi ancestrale que douloureuse.
Depuis l’âge de 16 ans, cette femme trace à l’encre sur les peaux des dessins tribaux aussi ravissants que symbolique, et dont elle est elle-même également parée : sa vie est gravée sur sa peau tel une histoire, des succès aux maladies, en passant par le noms de ses amants de longue dates. Elle y raconte une histoire de courage, de beauté et du riche héritage de sa tribu. S’adressant à Vogue, elle déclare qu’elle souhaite poursuivre sa pratique aussi longtemps que ses yeux pourront voir.
Selon la tradition, les femme kalinga en âge d’être mariées se recouvrent le corps de ces symboles géométriques, inspirés de la nature pour séduire leur prétendants. Les hommes n’y échappent pas non plus : « quand les chasseurs se préparaient à la bataille, ils pouvaient se tatouer un mille pattes en guise de talisman; quand ils rentraient avec une proi, un aigle pouvaient commémorer leur victoire ».
Aux philippines, les tatouages représente la force, la bravoure et la beauté, valeurs chères à la tribu de Kalinga de la région éponyme ( environs 11h de route de Manille)
Ses tatouages ont acquis une grande popularité auprès des touristes au cours des 15 dernières années; les gens viennent des 4 coins du monde ce sont des dizaines de touristes qui se pressent chaque année à la petite porte de son village haut perché, bien décidés à inscrire sur leur corps un souvenir de leur voyage – et, de façon peut-être inconsciente, à conserver un bout de l’histoire culturelle des Philippines.