A Silent Voice : c’est quoi cet anime qui dénonce le harcèlement scolaire ?

DE QUOI ÇA PARLE ?

Shoya Ishida, élève de primaire, comble l’ennui des jours d’école en harcelant sa nouvelle camarade, Shoko Nishimiya, atteinte de surdité. Des années plus tard, il apprend la langue des signes et part à la recherche de la jeune fille dans l’espoir de se faire pardonner.

JEUNESSE ET HANDICAP

C’est sensibilisée très jeune à la surdité grâce à sa mère, interprète en langue des signes, que l’auteure Yoshitoki Ōima décide d’en faire le sujet de son second projet. Elle avait à peine 22 ans lorsqu’elle publie A Silent Voice, d’abord sous forme de one-shot. Finalement dérivé en sept volumes reliés (édités en France chez Ki-oon), il est l’un des premiers mangas à aborder les thématiques du handicap et du harcèlement en milieu scolaire.

Cela est centré sur l’ijime avant tout (mot japonais désignant les brimades subies par ceux qui ne rentrent pas dans la « norme »), l’histoire commence par la rencontre des deux protagonistes, à un âge où les enfants peuvent s’avérer très cruels entre eux, surtout vis-à-vis de la différence. Une introduction parfaitement représentative de ce proverbe nippon : « le clou qui dépasse appelle le coup de marteau ». 

Ce sujet est d’autant plus tabou ici, car il s’inscrit dans la société japonaise traditionnelle où l’on préfère la conformité à l’indépendance. Dès ses premières minutes, A Silent Voice dépeint alors toute la réalité du milieu scolaire où jeunesse ne rime pas nécessairement avec innocence.

Quand Nishimiya, pure et naïve, essaye de s’intégrer tout en restant discrète, ses camarades, impatients et incompréhensifs, jugent plus amusant de se moquer, plutôt que de l’aider. Son handicap devient alors source de blagues douteuses.

À l’heure où l’on est terriblement influençable, l’œuvre expose également toute la dangerosité liée à l’effet de meute. Car c’est en suivant le mouvement mené par ses camarades que le jeune Ishida finit par devenir le principal détracteur de la petite fille. Mais ses actes et mots, toujours plus violents, finissent par se retourner contre lui lorsqu’il est question de désigner un coupable. Nishimiya quitte l’école et Ishida se retrouve alors accusé de son départ et, à son tour, malmené et mis à l’écart.

À travers ce revirement, Yoshitoki Ōima explicite l’idée que n’importe qui peut devenir une victime. Devenu harcelé après avoir été harceleur, le garçon prend pleinement conscience de ses erreurs, ce qui le pousse à apprendre la langue des signes pour s’excuser auprès de Nishimiya.

Un début de rédemption qui sera d’ailleurs questionné tout au long d’histoire : cherche-t-il à se faire pardonner pour apaiser la jeune fille ou pour soulager sa propre conscience ?

POIGNANT ET INTELLIGENT

Pépite visuelle grâce au travail des studios Kyoto Animation, le film envoûte par ses couleurs pastel et son trait fin et élégant, contraste direct avec les thèmes abordés. En véritable support de lutte contre la discrimination et les préjugés, A Silent Voice sert aujourd’hui de référence aux campagnes de sensibilisation sur le harcèlement scolaire.

Écrit et réalisé avec beaucoup de justesse, l’œuvre se démarque par son réalisme et sa partialité. Il n’est pas question de jugement et les personnages, loin d’être linéaires, évoluent tout au long de l’histoire, avec une chance de devenir meilleur.

Au-delà d’une ôde à la tolérance, c’est un appel au pardon. Les aventures de Nishimiya et Ishida exploitent toute la complexité des relations humaines, sans que ça soit pesant. Et même si les larmes nous montent aux yeux plusieurs fois, le film n’en reste pas moins plein d’humour et de bons sentiments.

Bande-annonce : A Silent Voice

Crunchyroll : A Silent Voice